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  • Sharon Cohen

La France entre dans le monde du NewLaw

Updated: Feb 16, 2021

La France est souvent associée à la gastronomie, à l'art et à la mode. Étonnement, le pays du vin et du fromage représentait 29 % du nombre total d'entreprises de LegalTech dans le monde en 2019. La LegalTech fait partie d'un domaine plus vaste connu sous le nom de NewLaw. Celle-ci désigne les cabinets d'avocats, les entreprises ou les start-ups qui utilisent un modèle, un outil ou un processus pour modifier de manière substantielle la distribution de services juridiques. Les sociétés de NewLaw se définissent par leur flexibilité, leur perspective axée sur le client et leur tarification alternative.


Le concept de NewLaw étant relativement nouveau, il subit actuellement une inévitable division en catégories. Ces catégories sont, grossièrement, (i) l'automatisation et l'intelligence artificielle (AI), (ii) la dotation en personnel alternatif par le biais de fournisseurs de services juridiques alternatifs (connus sous le nom d’alternative legal services providers ou ALSP), (iii) l'externalisation des processus juridiques (connus sous le nom de legal process outsourcing ou LPO) et (iv) les outils de travail à distance. La première englobe toutes les entreprises qui visent à automatiser la rédaction d'actes juridiques et la gestion des données et du travail administratif de l'avocat. La seconde se réfère à l'emploi rentable en ‘freelance’ d’avocats visant à aider avec le trop-plein de travail ou à assister sur des projets spécifiques. Et la troisième concerne les services d'assistance juridique pour lesquels les entreprises et les sociétés font appel à des cabinets d'avocats ou à des sociétés de services d'assistance juridique extérieurs et qui permettent souvent de réaliser des économies importantes en engageant des avocats étrangers à prix réduits. Et le dernier concerne les logiciels ou les plateformes qui permettent d'effectuer à distance des travaux physiques tels que l'échange sécurisé de documents juridiques.


A travers le monde, le marché de la NewLaw est en pleine expansion. Une étude de Thomson Reuters datant de 2019 a révélé que le marché des ALSP valait 10,7 milliards de dollars et une étude de Zion Market Research datant de 2018 a révélé que le marché des LegalTech utilisant l’IA valait 3,245 milliards de dollars. Bien que la LegalTech fasse partie intégrante de la NewLaw, un cabinet ou une entreprise de NewLaw n'utilise pas nécessairement une technologie révolutionnaire tant qu’il modifie fondamentalement sa façon de fonctionner ou de fournir ses services. Si l'on considère la France en particulier, il semble que la vague qui perturbe le marché juridique soit principalement une vague de changements technologiques visant à automatiser les documents et les processus, laissant de côté les marchés considérables des ALSP et des LPO qui entendent remodeler la manière dont la profession juridique fournit ses services. De nombreuses questions se posent. Comment la NewLaw et la LegalTech se développent-elles en France par rapport aux autres pays ? Y a-t-il une place pour elles sur le marché juridique français ? Sont-elles en avance ou en retard ?


Aujourd'hui, 51% des cabinets d'avocats et 60% des services juridiques des entreprises dans le monde utilisent un ALSP. Qu'il s'agisse d'un des Big Four, d'un cabinet d'avocats, d'une LPO ou d'une entreprise de services de contrats et de recrutement, ils modifient radicalement la relation client-avocat. Aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en Israël, à Hong Kong, en Australie ou même en Nouvelle-Zélande, ces entreprises ont déjà fait leurs preuves.


Voilà ce qui se passe en France. Tout d'abord, il est indéniable qu'une grande volonté d'innovation a émergé dans la sphère juridique française au cours de la dernière décennie. Cependant, il est légitime de se demander si cette volonté s'est réellement concrétisée ou non. En effet, de 7 start-ups en 2012, le marché est passé à plus de 300 aujourd'hui et les investissements dans le secteur sont passés de 13 millions d'euros en 2017 à 52 millions d'euros en 2019. Il paraît évident de dire que le marché en France est jeune mais très prometteur. Cependant, après ses premières années, le rythme de création des LegalTech s'est ralenti. On ne sait pas si cela signifie que les innovations concrètes ne sont pas infinies ou que le marché n'est pas aussi prêt ou aussi rempli d'opportunités qu'on pourrait l'espérer. Mais ce qui est clair, c'est la direction que prend la majorité du marché. Le graphique suivant résume la répartition des start-ups françaises de LegalTech par domaine :

Il paraîtrait que l'accent est mis, pour l'instant, sur l'automatisation de la rédaction des documents. En outre, un intérêt important pour la connexion en ligne entre les acteurs juridiques et les particuliers et professionnels est apparu. De nombreuses start-ups telles que Call a Lawyer, Avoloi, VisioAvocats, Izilaw, LegaLife, Captain Contrat ou LegalPlace ont vu le jour. Elles proposent toutes de trouver un avocat pour obtenir des conseils juridiques par différents moyens (à l'aide de l'intelligence artificielle, d'une plateforme de vidéoconférence, d'un téléphone ou encore d'un logiciel). Cependant, parmi toutes ces start-ups, soit le travail de l'avocat est une offre secondaire - ajoutée à la rédaction de documents par exemple - soit la start-up vise uniquement à commercialiser des avocats en ligne et à établir un premier contact avec eux (le service final n'est pas nécessairement moins cher).


Qu'en est-il des autres segments de la NewLaw ? Le marché des ALSP qui permet aux cabinets d'avocats et aux entreprises d'accroître temporairement leur capacité juridique et de renforcer leur expertise à la demande, ainsi que le marché des LPO qui leur permet d'externaliser leur travail juridique, tous deux réduisant considérablement leurs coûts, ne semblent pas encore avoir réellement émergé en France.


Il y a peut-être une explication culturelle à cette absence. D'une part, le contexte gouvernemental donne l'impression qu'il est favorable à la fois à l'innovation technologique et à la modernisation de la pratique juridique. En effet, la loi Macron de 2015, également appelée loi sur la croissance économique, l'activité et l'égalité des chances, vise à simplifier les procédures administratives et à encourager l'esprit d'entreprise et l'innovation par différentes mesures économiques pratiques. Elle offre ainsi de nouvelles possibilités aux avocats pour offrir des conseils professionnels tout en organisant leurs ressources avec flexibilité et en collaborant avec d'autres lignes de travail. La French Legal Tech a même été créée au sein de France Digitale, une association représentant près de 1 400 start-up et investisseurs français dans le domaine du numérique, afin de mettre en commun les compétences et les expériences pour répondre à la concurrence internationale qui se profile à l'horizon. D'autre part, certaines lacunes subsistent et limitent ces avancées. Ces lacunes sont notamment le fardeau administratif ancré, l'attribut archaïque du droit, la perception par les avocats de la NewLaw comme d’un rival menaçant, la capacité modérée de l'investissement en capital-risque ou encore la lutte pour retenir les talents dans le pays.


Quoi qu'il en soit, tout a changé ces derniers mois au niveau mondial. Il va sans dire que la crise du COVID19 a introduit ou renforcé l'idée universelle selon laquelle le travail à distance permet d'obtenir des performances égales ou supérieures. Nous entrons également dans l'une des plus grandes crises économiques jamais connues. Cela se traduit par des coupes budgétaires et une demande accrue de solutions moins coûteuses dans le monde entier. C'est pourquoi des sociétés telles qu'Axiom, Lawyers on Demand ou Lawflex, une société d'avocats qui compte plus de 400 avocats de 24 juridictions et qui s'installe actuellement en France, sont sur le point d'apporter la solution à un problème qui existe depuis trop longtemps. Ces sociétés de recrutement alternatives permettent d'accéder facilement à des avocats hautement qualifiés sur la base de projets afin de gagner en efficacité, d'accéder à une expertise spécialisée et de réduire les coûts.


Tous les secteurs ont assisté à une révolution technologique, il était évident que le domaine du droit ne serait pas épargné. Ainsi, ce qui est considéré comme le fondement de la société, défini par des traditions et des conventions, s'est retrouvé sur la voie du changement et de la modernisation. C'est pourquoi le marché juridique français est prêt. Prêt à ce que des entreprises comme Lawflex répondent à une recherche d’avocats hautement qualifiés qui travaillent de manière flexible et qui sont plus efficaces, orientés vers le client et financièrement attrayants. De la même manière que ces avocats ont enfin le droit à un équilibre de vie. Le progrès que connaît le monde du droit semble sans faille et la France commence à le réaliser !

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